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La fabrique du réfugié et le désir de reconquête

Publié le 13 juin 2023 Mis à jour le 1 février 2024

Participation de Jihane Sfeir à l'émission de France Culture "La fabrique du réfugié et le désir de reconquête" dans la série "Les Palestiniens et la question palestinienne", 13 juin 2023.

La naissance de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948, provoque ce que les Palestiniens appellent la « Nakba », comprendre la « catastrophe ».

En proclamant l’indépendance de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948, jour de la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion, alors président du Conseil national juif, provoque ce que les Palestiniens appellent la Nakba, la catastrophe.

Car désormais plus rien ne sera comme avant. Présents sur ces terres depuis l’antiquité, les Palestiniens deviennent des réfugiés. Ils sont 750 000 à prendre le chemin de l’exil dans les camps de réfugiés du Liban, de Syrie, d’Egypte et de Jordanie.

D’autres vont devenir des exilés dans ce qui était leur propre pays, fuyant les villes de Haïfa, d’Acre, de Jaffa, quittant leurs villages dont certains vont être rayés de la carte et leur maison, gardant précieusement leurs clefs dans l’espoir d’un retour futur, pour se réfugier ailleurs, à quelques kilomètres seulement.

Comme si Israël était devenu une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Dans les camps, les jeunes s’organisent peu à peu, animés par un désir de revanche, de « reconquête ». La naissance de l’Organisation de Libération de la Palestine et de ses fedayins avec à leur tête Abu Amar, celui que le monde entier connaîtra sous le Nom de Yasser Arafat, va réveiller le nationalisme palestinien, renforcer le sentiment identitaire et d’appartenance à une nation.

Le traumatisme provoqué par la Nakba devenait une force. Et c’est la guerre de 1967, la Guerre des Six Jours, qui va fournir aux Palestiniens une occasion inestimée de faire renaître de ses cendres ce nationalisme en redonnant une prééminence à leur cause et en l’internationalisant, comme le précise l’historienne Jihane Sfeir : “Avec la guerre des Six Jours, les Arabes vont comprendre qu'ils ne pourront pas libérer la Palestine. Et après 67, Yasser Arafat va arriver avec le Fatah et va inverser la problématique en disant ce n'est pas l'Union des Etats arabes qui va libérer la Palestine, en revanche si vous nous donnez de l'argent et des moyens de nous entraîner, nous, les Palestiniens, nous libéreront la Palestine et nous uniront tous les Arabes”.

En prônant la lutte armée et le terrorisme Arafat met la Palestine sur la carte du monde. Et c’est sous l’égide de la communauté internationale que les négociations de paix vont s’entamer entre Israéliens et Palestiniens.

Un long processus qui va se solder par la signature des accords d’Oslo en 1993. Un véritable piège pour les Palestiniens. Aucun de ces accords ne seront respectés. Pour la diplomate, Leila Shahid : “Oslo s'est cassé la gueule. Pas parce que c'était un mauvais accord, mais parce qu'il n'a jamais vraiment été mis en œuvre. Il a été mis en œuvre jusqu'à l'assassinat de Rabin, ils l'ont d’ailleurs assassiné pour ne pas continuer son application”.

En 2004, la figure tutélaire incontestée des Palestiniens, Yasser Arafat, meurt. Depuis, personne ne l’a remplacé comme si les Palestiniens étaient depuis orphelins.

Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Somany Na.

Accéder au podcast audio: Radio France

Date(s)
le 13 juin 2023